La Trace, Christine Féret-Fleury, Hachette jeunesse, « Black Moon »
Rébecca est une adolescente de 17 ans plutôt mal dans sa peau. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le futur mari de sa cousine américaine – Sarah –, Rébecca était heureuse et les deux cousines étaient très complices. Mais voilà, Rébecca est éperdument amoureuse d’Adrian, le fiancé de Sarah. Et pour couronner le tout, voilà qu’elle est forcée de jouer les demoiselles d’honneur au mariage de sa cousine. Un véritable cauchemar.
Sauf qu’en arrivant à l’église, la belle Sarah fait subitement demi-tour, saute dans sa voiture et entraine dans sa fuite Rébecca et Lavinia, sa grand-mère. Et c’est parti pour un road-trip à travers les États-Unis, sur la route 66 pour fuir le danger que Sarah a guetté. Mais les trois femmes ignorent qu’un serial killer est à leur trousse. Un meurtrier psychopathe qui guette Sarah sans relâche depuis bien longtemps…
Quand
j’ai commencé ce court roman, j’ai tout de suite pensé que j’allais l’adorer.
Je me suis plongée avec plaisir dans l’histoire, et l’ambiance m’a séduite
d’emblée. Mais malheureusement, le vent a vite tourné et au final, je ne garde
pas un bon souvenir de cette lecture. Je trouve en effet le tout trop fouillis
et un tantinet bâclé. L’auteure a voulu introduire bien trop d’éléments
différents dans son livre mais a tout survolé. Il faut dire qu’en seulement 250
pages, il est difficile de mener à bien un thriller, un road-trip, un roman
d’apprentissage – si on peut dire – et en plus, d’aborder la sorcellerie à
travers les célèbres procès de Salem.
La
narration est divisée entre les voix de Rébecca et Sarah, mais à ces voix,
s’intercalent également celle du tueur, en italique, une voix de psychopathe
qui ne s’en prend qu’aux jeunes femmes, ainsi que celle d’un narrateur externe
qui suit les avancées de ce même tueur. Quatre narrateurs différents dans un
seul roman, ce n’est pas évident à suivre, et quand le roman en question ne
fait que 250 pages, il y a de quoi s’embrouiller !
L’intrigue,
en comparaison, est bien simple : un mariage qui tombe à l’eau, une fuite
en voiture entre nanas et un meurtrier qui les suit. Mais ça ne pouvait pas
rester si simple, vous l’imaginez bien. En effet une touche plus fantastique en
référence aux grands procès de Salem est introduite dans le roman. On nous fait
alors croire que Sarah est la descendante de la sorcière Sarah, brûlée il y a
bien longtemps. Quand ce postulat a été posé, j’ai été ravie. Je me suis dit
que c’était vachement sympa et que ça pourrait déboucher sur une chouette
histoire. Hélas, ça m’a fait l’effet d’un bide car dès que le road-trip a
débuté, cet élément a été complètement laissé de côté. J’ai été appâtée dans
les premières pages, j’y ai cru, j’ai tourné les pages avec avidité et envie,
et d’un coup plus rien. Toutes ses références ont été piétinées, déchirées et mises
à la poubelle. Quelle déception.
Le
côté road-trip entre nanas pourrait être assez sympa. C’est magique d’imaginer
cette route 66, les villes qui défilent, les paysages fascinants… Mais
malheureusement ça ne va pas du tout avec la première partie du roman, et ne
nous tient pas spécialement en haleine comme est supposé le faire un thriller.
Quant
aux personnages, si la jolie Sarah est assez intéressante, Rébecca est une
véritable peste. Elle est immature, capricieuse et j’en passe. Elle est censée
avoir 17 ans mais franchement elle semble plutôt en avoir 8. J’ai rarement vu
une héroïne aussi antipathique. Alors oui, je veux bien admettre qu’elle sort
grandie de cette terrible aventure… mais franchement il était temps ! Le
personnage le plus intéressant est sans doute Lavinia, la grand-mère de Sarah.
C’est assez rigolo d’avoir deux générations de la famille dans cette voiture
qui file à travers les États-Unis car ça donne quelques situations cocasses et
rigolotes. Mais ce n’est pas d’une originalité débordante. Bien sûr cette
grand-mère cache bien son jeu. Assez distante au début de l’aventure, elle
devient de plus en plus attachante et sa petite-fille découvre enfin qui elle
est vraiment. Touchant ? Mouais bof, on repassera !
Le
dénouement aurait pu être scotchant, mais une fois encore, l’effet escompté
tombe à l’eau car la confrontation Sarah/tueur dure 2 minutes chrono et tout se
règle en quelques lignes. Rappelons quand même qu’il s’agit d’un thriller et
que la tension devrait être à son comble…
Quant
à la toute fin, je l’ai trouvée gnagnan – et Dieu sait que d’habitude ça ne me
fait pas peur. Les trois femmes ont toutes appris quelque chose de cette
aventure. Rébecca est moins capricieuse (enfin !), Sarah, bien que
perturbée par les événements tragiques (d’ailleurs sans vouloir spoiler, je
trouve qu’elle se remet vachement facilement de ce qui lui est arrivé, mais
admettons) a pris de l’assurance et sait ce qu’elle veut, et Lavinia, qui
profitait de la fuite de sa petite-fille pour retrouver son amour de jeunesse
(c’est tordu, hein ?) a fait la paix avec elle-même. Tout rentre dans l’ordre
quoi !
J’avoue
être assez furieuse par ce livre au final. Au début j’ai vraiment cru à un coup
de cœur tant j’aimais l’ambiance et la référence à Salem. Mais je suis bien
vite tombée de mon nuage, malheureusement. Selon moi, l’auteur s’est perdue et
s’est laissée attraper par son univers. Elle a voulu y mettre trop d’éléments
qui n’ont pas pu être bien exploités. J’aurai pu comprendre l’enthousiasme et
l’excitation d’un jeune auteur qui voit son premier roman enfin publié et qui
veut y mettre tout ce qui lui tient à cœur. Mais ce n’est pas le cas ici car
Christine Féret-Fleury a écrit de nombreux romans.
Je
salue tout de même l’écriture qui est vraiment très, très belle et qui rend
très agréable la lecture. Malgré ma déception, j’ai tourné les pages à une vitesse
folle et j’ai apprécié découvrir le style de l’auteure. C’est vraiment très
bien écrit.
ELLE
Ooooohhhhh ! :D J'adore le concept du blog : Un blog à deux voix, sur deux littératures différentes et du genre opposé :D Super idée !
RépondreSupprimerA part ça, ta (pour ELLE) critique de La Trace est très intéressante, et je suis ton avis pour la majorité des arguments et surtout sur le fait que tout est baclé... Dommage
Merci pour ton appréciation Lena. Ça fait super plaisir à lire :-) Me voilà toute chose à présent !!!
RépondreSupprimerJ'ai lu ta chronique pour La Trace. Je suis également d'accord avec toi : ça ne fait pas du tout du Black Moon. Et même moi qui aime les thrillers, je trouve que la tension est malgré tout assez légère. Et comme tu dis, l'écriture de l'auteure est belle.
A bientôt
:-)
ELLE